Face aux défis constants de l'accès aux soins et à l'évolution des besoins de santé publique, le secteur dentaire en France connaît une transformation significative avec l'introduction du métier d'Assistant(e) dentaire de niveau 2 (AD2).
L'objectif de cette nouvelle fonction est clair : enrichir le panel des compétences au sein des cabinets dentaires pour fluidifier le parcours de soins des patients, optimiser le temps médical des chirurgiens-dentistes et, in fine, participer activement à l'amélioration de l'accès aux soins pour tous. Nous vous proposons ici de décrypter les contours de ce métier d'avenir, en explorant tant ses fondements que ses perspectives d'évolution et les enjeux qu'il représente pour la profession dentaire et pour les patients.
Qu'est-ce que le métier d'Assistant(e) dentaire niveau 2 ?
La loi n°2023-379 créant l’Assistant(e) dentaire de niveau 2 a été définitivement adoptée par le Sénat et l’Assemblée nationale les 9 et 10 mai.
L'Assistant(e) dentaire niveau 2 (AD2) représente une évolution significative du métier d'assistant(e) dentaire traditionnelle, désormais désignée comme AD niveau 1. Cette création résulte d'une prise de conscience collective de la nécessité d'adapter les compétences aux besoins croissants et diversifiés des cabinets dentaires modernes. L'AD2, en tant que nouvelle catégorie professionnelle, a été conçue pour répondre à une double exigence : améliorer l'accès aux soins bucco-dentaires et optimiser la prise en charge des patients au sein des cabinets.
Contrairement à l'AD niveau 1 dont le rôle se concentre principalement sur l'assistance directe du dentiste, l'assistance à la gestion du cabinet, et la préparation des matériaux, l'AD2 bénéficie d'une formation spécifique lui permettant de réaliser des actes plus complexes et techniques. Cette différenciation se fonde sur un socle de compétences élargi, acquis à travers une formation complémentaire rigoureuse.
La création de ce poste vise principalement à décongestionner les agendas surchargés des chirurgiens-dentistes en leur permettant de déléguer une partie des soins à des professionnels compétents et spécialement formés. Cette délégation doit aboutir à une réduction des délais d'attente pour les patients et à une amélioration globale de l'accès aux soins dentaires. Ensuite, elle permet de libérer du temps médical pour les chirurgiens-dentistes, leur permettant de se concentrer sur des interventions plus complexes. Enfin, elle offre une voie d'évolution professionnelle valorisante pour les assistant(e)s dentaires, contribuant ainsi à l'attractivité du métier et à la rétention des talents au sein des cabinets.
Le métier d'AD2 se distingue par sa contribution significative à la prévention en santé bucco-dentaire. En permettant aux assistant(e)s dentaires d'effectuer des actes de prévention et d'éducation pour la santé, cette évolution professionnelle s'inscrit pleinement dans une logique de soins dentaires modernes, où la prévention occupe une place prépondérante. Cette orientation vers la prévention est cruciale pour réduire l'incidence des pathologies dentaires et pour promouvoir une santé bucco-dentaire optimale au sein de la population.
Quels sont les compétences et actes autorisés ?
La création du métier d'assistant(e) dentaire niveau 2 (AD2) marque une étape décisive dans l'évolution des professions dentaires. Grâce à une formation complémentaire spécifique, les AD2 disposent de compétences étendues leur permettant de réaliser un éventail d'actes jusqu'alors réservés aux chirurgiens-dentistes, sous leur supervision directe. Cette extension de compétences a pour objectif de renforcer le rôle de l'assistant(e) dentaire au sein de l'équipe dentaire, tout en améliorant l'efficacité et la qualité des soins proposés aux patients.
L'AD2 pourrait se voir confier plusieurs actes techniques et de soins préventifs, dont notamment :
- La réalisation d'actes d'imagerie à visée de diagnostique, élargissant ainsi le rôle traditionnel de l'assistant(e) dentaire dans le suivi et la préparation des patients.
- La contribution aux actes prophylactiques tels que les détartrages, l'application de vernis fluorés, participant à la prévention des caries et à la promotion de la santé bucco-dentaire.
- L'engagement dans des actes orthodontiques de base et des soins post-chirurgicaux, permettant un suivi plus approfondi des patients traités au sein du cabinet.
Ces actes seront précisés par décret en Conseil d’État après consultations des Académies nationales dentaire et de médecine.
Ce statut d’AD2 sera subordonné à l’obtention préalable d’un titre de formation, dont les modalités et le contenu seront fixés par arrêté, après discussion avec l’Ordre et les autres acteurs. Cette formation visera à équiper les AD2 des connaissances nécessaires pour une pratique sécurisée et efficace des actes délégués.
Le contenu pédagogique couvrira ainsi des domaines variés allant de la radioprotection à la maîtrise des techniques d'hygiène et de stérilisation, en passant par l'apprentissage des gestes techniques spécifiques. Au-delà des compétences techniques, elle visera également à développer une approche globale du soin, centrée sur le patient. Cela inclut la capacité à communiquer efficacement avec les patients et les autres membres de l'équipe soignante, mais aussi à gérer les aspects éthiques et déontologiques inhérents à la pratique des soins dentaires.
La question de la rémunération, cruciale pour l'attractivité du métier, fait l'objet de discussions, avec l'objectif d'aligner les salaires sur le niveau de qualification et les responsabilités accrues.
Quels enjeux et perspectives d'avenir ?
Le processus d'intégration de l'AD2 dans les cabinets dentaires s'inscrit dans un horizon temporel quelque peu flou, la loi étant encore en construction tant au niveau de la formation que de la pratique quotidienne. Avec plusieurs décrets d'application déjà publiés et d'autres en attente, la profession se prépare à un déploiement progressif de ces nouvelles compétences, les premières promotions de formation d’AD2 seraient prévues à partir de 2026.
L'avènement des AD2 est susceptible de radicalement transformer l'organisation interne des cabinets dentaires. En effet, l'intégration des AD2 au sein des équipes dentaires s'inscrit dans une logique d'optimisation des ressources humaines : elle contribue ainsi à une meilleure répartition des tâches au sein des équipes dentaires, à une amélioration de l'efficience des soins et par conséquent à une augmentation de la satisfaction des patients. La loi précise notamment que le nombre d’AD2 ne pourra, sur un même lieu, excéder le nombre de chirurgiens-dentistes ou de médecins exerçant dans le champ de la chirurgie dentaire effectivement présents. Ce afin d’éviter la création de structures dédiées uniquement à des actes correspondant aux attributions des AD2.
Cette nouvelle dynamique favorise une collaboration renforcée entre les chirurgiens-dentistes et les AD2, ces derniers prenant en charge des actes spécifiques qui libèrent du temps médical pour des interventions nécessitant une expertise approfondie.
L'évolution vers le statut d'AD2 offre notamment des perspectives de carrière motivantes pour les assistant(e)s dentaires, leur permettant de valoriser leur expérience et d'acquérir de nouvelles compétences. Cette possibilité de développement professionnel devrait contribuer à l'attractivité du métier et à la fidélisation des talents au sein des cabinets dentaires.
La création du métier d'AD2 présente plusieurs atouts, à commencer par une amélioration de l'accès aux soins pour les patients et une prise en charge plus rapide et efficace. Pour les professionnels, elle ouvre la voie à une diversification des compétences et à une valorisation de leur parcours. Toutefois, cette évolution implique également des défis, notamment en termes de formation continue et d'adaptation des cabinets aux nouveaux cadres réglementaires. La réussite de cette intégration repose sur une gestion attentive des ressources humaines et sur la capacité des équipes à évoluer vers une organisation du travail plus collaborative.
L'intégration du métier d'Assistant(e) dentaire de niveau 2 (AD2) dans le paysage de la santé bucco-dentaire en France représente une avancée majeure tant pour les professionnels que pour les patients. Par cette évolution, le secteur dentaire démontre sa capacité à s'adapter aux besoins changeants de la population, en offrant des soins plus accessibles et de meilleure qualité. Les AD2 incarnent cette volonté d'améliorer l'efficacité des pratiques dentaires tout en enrichissant le parcours professionnel des assistants dentaires grâce à de nouvelles compétences et responsabilités.
Ce développement reflète également une prise de conscience de l'importance de la prévention et du traitement rapide des affections bucco-dentaires, qui sont cruciaux pour la santé générale. En permettant aux chirurgiens-dentistes de se concentrer sur des cas plus complexes et en réduisant les délais d'attente pour les patients, les AD2 jouent un rôle central dans l'optimisation du parcours de soins dentaires.
En conclusion, l'arrivée des Assistant(e)s dentaires de niveau 2 est une promesse d'amélioration significative de l'accès aux soins dentaires en France.
